Intervention de Monsieur Abdoulaye Mar DIEYE,
Coordonnateur Spécial Des Nations Unies pour le Développement au Sahel
New York, 28 April 2021 at 10 AM
Intervention de Monsieur Abdoulaye Mar DIEYE,
Coordonnateur Spécial Des Nations Unies pour le Développement au Sahel
New York, 28 April 2021 at 10 AM
Monsieur l’ Ambassadeur Mohamed Edrees, Président en exercice de la Commission pour la Consolidation de la Paix ,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Nous nous réunissons aujourd’hui à un tournant critique pour la stabilité de la région, comme en attestent les tout récents évènements au Tchad. Je tiens à présenter une nouvelle fois toutes mes condoléances au peuple et gouvernement tchadiens.
La situation au Sahel appelle à renforcer et intensifier la réponse sécuritaire; d’autant que les incidents au G5 Sahel progressent au rythme alarmant de 31 % en moyenne annuelle; faisant des populations civiles les premières victimes de ce fléau.
Selon les données communiquées par OCHA à Dakar hier, 29 millions de personnes ont aujourd’hui besoin d’assistance humanitaire et de protection.
La Covid 19 a ajouté de nouvelles tensions économique et sociétale. Saluons la réactivité rapide et effective des gouvernements du Sahel dans la lutte contre la pandémie.
L’intensification de ces diverses crises montrent que nous sommes toujours dans un polygyne de défis, pour reprendre la formule d’Angel Losada.
La sortie de ce polygone requerra, comme il en a été décidé au Sommet de N’Djamena, de pivoter vers un Sursaut Civil, un Sursaut Politique et un Sursaut du Développement.
L’équation sahélienne n’est pas insoluble. La Stratégie Intégrée des Nations Unies pour le Sahel (UNISS) demeure notre feuille de route la plus complète dans notre arsenal de réponses.
Nous venons d’achever une cartographie de nos diverses activités sur le terrain. Les résultats préliminaires montrent que les agences de l’ONU, avec l’appui des partenaires, ont injecté en moyenne plus de 2 milliards de dollars par an dans les 10 pays du Sahel, au cours des 3 dernières années.
Malgré de multiples acquis, notre approche collective reste, à mon sens, limitée par 3 verrous :
Si nous voulons répondre à l’appel de N’Djamena et enclencher ce triple sursaut, nous devons éliminer ces trois obstacles.
1) S’agissant du premier verrou, les quelques rares études prospectives qui existent sur le Sahel révèlent qu’il y’a toujours des angles morts dans nos réponses :
Il nous faudra effectivement réaliser et multiplier les investissements structurels comme la Grande Muraille Verte de l’Union Africaine et l’Initiative Desert-To-Power de la Banque Africaine de Développement.
2) S’agissant du second verrou, nous avons réalisé beaucoup d’acquis dans la mise en cohérence de nos réponses. Il faut saluer en cela le rôle instrumental de l’Alliance-Sahel et continuer sur cette lancée en assurant un alignement parfait de nos partenariats, multilatéraux comme bilatéraux, sur les priorités nationales et régionales avec toutefois l’impératif du principe de redevabilité mutuelle. L’Approche Territoriale Intégrée – ATI devrait permettre une plus grande mutualisation, davantage de cohérence et un meilleur alignement de nos interventions.
C’est dans cet esprit que les Nations Unies ont mis en œuvre, sous l’égide du PNUD, le Dispositif de Stabilisation Régionale pour le Bassin du Lac Tchad (pour 100 millions de $), dispositif qui a été salué par les Chefs d’État et les partenaires lors du Sommet de Ndjamena.
L’expérience de notre engagement au Lac Chad montre que pour atteindre la vitesse et l’échelle nécessaires pour provoquer le Sursaut civil requis dans la région du Liptako Gourma, environ 300 millions de dollars seront nécessaires au cours des trois prochaines années. Cette initiative permettrait de bénéficier à 2.8 millions de personnes soit 20 pourcent de la population du triangle du Liptako Gourma.
Nous remercions l’Allemangne pour son soutien de 12 millions d’euros en faveur de ce Dispositif, ainsi que nos partenaires de l’UE et du Danemark pour les échanges en vue d’un potentiel partenariat pour le Dispositif du Liptako Gourma.
3) S’agissant du troisième verrou ; le verrou financier. La résolution de l‘’équation sahélienne va continuer de requérir une forte traction endogène sous le leadership effectif et concerté des Etats Sahéliens. Cependant, les budgets nationaux sont exigus, avec des pressions fiscales de 13 à 17 % du PIB , là où il faudrait au minimum 24% pour impulser une dynamique de développement soutenable. Cet espace fiscal est d’autant plus sous tension que les dépenses militaro-sécuritaires demeurent très élevées et continuent de croitre. En 2020, alors que les dépenses militaires ont augmenté de 2.6% en moyenne dans le monde et de 3,4 % en moyenne en Afrique subsaharienne, elles ont connu des pics dans les pays sahéliens, notamment 31% au Tchad, 29% au Nigeria, 22 % au Mali, 23 % en Mauritanie selon les dernières statistiques de SIPRI . ( Stockholm International Peace Research Institute).
Il nous faudra donc inventer d’autres formes de financement pour le Sahel, y compris interne. Ce « sursaut financier » auquel nous appelons devra s’accompagner de l’impératif d’une gouvernance inclusive et territoriale ; pour renforcer le contrat social vertical entre l’état et les citoyens, comme horizontal entre communautés.
Excellences,
Le PBF est sans conteste l’instrument le plus cohérent que nous avons pour répondre de façon intégrée à l’équation sahélienne. Avec un investissement de près de 50 millions $ par an, au cours des quatre dernières années, soit plus du quart de ses ressources, dans les 10 pays du Sahel que couvre l’UNISS, ses résultats sont effectifs et ses impacts réels, notamment dans les domaines critiques que sont la transhumance, la résolution inclusive des conflits, la réforme du secteur sécuritaire, la prévention de l’extrémisme violent, la sécurité communale et locale, la gestion des ressources naturelles et des systèmes d’alerte précoce, et enfin la justice et de réconciliation.
Vu l’ampleur de la tâche, nous plaidons pour l’augmentation significative des ressources. Le moment est venu de passer à un PBF 2.0 ; dont l’épure nous a été tracée lors du Second Forum d’Assouan qui a réaffirmé l’impératif du changement de paradigme dans la gestion des crises vers des politiques nationales de prévention et de résilience et des interventions qui ciblent risques systémiques et faiblesses structurelles.
Le Sahel reste un théâtre d’opérations pour ce nouveau paradigme, et la Stratégie Intégrée des Nations notre meilleur plan.
Je vous remercie.
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AND PEACEFUL SAHEL
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