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Réunion de Printemps de la Banque Mondiale et du FMI, un Sahel Résilient – Agir ensemble pour la prévention des conflits – Archive

 

Déclaration de Monsieur Abdoulaye Mar Dieye,

Coordonnateur  Spécial des Nations  Unies pour le Développement au Sahel

Washington, DC, 9  Avril 2021.

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Excellences, chers partenaires et amis,

Voilà près de deux générations que nous luttons pour sortir le Sahel de la crise. La situation en Libye a encore amplifié la menace sécuritaire au Sahel, qui comme en atteste les statistiques de l’ONU continuent de progresser depuis 2013 au rythme de 31% en moyenne annuelle, faisant des populations civiles les premières victimes de ce fléau.

A cela s’ajoute l’impact climatique, la gestion des ressources naturelles et les violences communautaires, entrainant des flux massifs de populations.

Face à cette complexe équation Sahélienne, il nous faut réinventer nos approches.

Les Objectifs de Développement Durables constituent nos meilleurs instruments pour prévenir les conflits et renforcer la résilience des populations aux chocs. Nous devons accélérer leur réalisation au Sahel.

C’est dans cette optique que nous avons réajusté la Stratégie Intégrée des Nations Unies au Sahel (UNISS) en privilégiant une approche holistique intégrant la dimension prévention des crises en collaboration avec les acteurs locaux afin de renforcer les institutions, les structures de gouvernance, la décentralisation et la capacité d’absorption, d’améliorer l’accès aux services publics et la gestion des ressources naturelles, et de progresser en matière de développement durable.

Notre objectif premier est de restaurer l’autorité de l’État dans les zones délaissées. Les populations ont besoin d’une police fiable et d’un système judiciaire incorruptible sans quoi investissement et progrès économique continueront d’être sclérosés. Une gouvernance inclusive et territoriale pour renforcer le contrat social vertical entre l’état et le citoyen, comme horizontal entre communautés, est cruciale. La gouvernance doit être une priorité au cœur de notre engagement collectif.

Nous avons déjà beaucoup progressé dans la stabilisation civile à travers le Partenariat pour la sécurité et la stabilité au Sahel. Cependant, beaucoup reste à faire à grande échelle.

Les Nations Unies à travers la mise en œuvre du Dispositif de Stabilisation Régionale pour le Bassin du Lac Tchad ont réalisé des progrès. Ce succès, salué par les Chefs d’État et partenaires au Sommet du G5 Sahel à Ndjamena, nous a conduit, sous  l’égide du PNUD, à reproduire ce programme dans les pays du Sahel Central. Je tiens à remercier l’Allemagne pour son allocation de 12 millions d’euros en soutien du nouveau dispositif.

Le PNUD, dans le cadre de UNISS, vient de lancer en janvier 2021 un programme régional de 100 millions de dollars pour une période de 5 ans (2021-2025) visant le renforcement de la prévention, la stabilisation, et la transformation durable des pays de la région. J’invite les autres partenaires à s’y associer.

Malgré tous ces efforts, mon intime conviction est que nous opérons collectivement en sous optimum, peinant à atteindre le seuil minimal d’investissements structurels et transformationnels requis pour transformer le Sahel.

Au regard de l’espace fiscal exigu des pays sahéliens, une Initiative Globale de Financement du Sahel avec effet de seuil reste à inventer, y compris en explorant les gisements de financements internes, privés et de la diaspora.

Un autre Sahel que celui incurable véhiculé dans les médias est possible. Ce Sahel des opportunités est à optimiser par des investissements conséquents. Tout n’est pas crise dans la région. D’importantes zones sahéliennes ont été épargnées par les violences. Selon l’AFD et d’après les statistiques du PNUD, la croissance économique au Sahel et la progression de l’Indice de Développement Humain s’inscrivent dans des dynamiques supérieurs aux rythmes que nous observons dans plusieurs régions du monde. Il nous faut amplifier ces élans.

Ainsi, aux impératifs de Sursaut Politique et de Sursaut Civil prônés   à l’Assemblée Générale de l’Alliance Sahel à Ndjamena, il nous faut trianguler avec l’impératif du Sursaut de Développement.

Un sursaut dont le vecteur moteur sera la Jeunesse sahélienne, sans laquelle il n’y aura pas de transformation du Sahel.

Je formule le vœux que cette réunion de Printemps de la Banque mondiale et du FMI puisse inspirer et promouvoir un Printemps Sahélien, fondé sur ce triple sursaut et dont le barycentre sera sa jeunesse.

C’est à notre portée !

Je vous remercie.

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